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Agriculture régénératrice : comment les OS répondent-ils à la demande ?

De gauche à droite : Guillaume Gasc, responsable innovation chez Eureden, Alexandre Juan, carbone manager chez Axéréal, Vincent Grégoire, responsable durabilité chez Tereos, Paul Getti, responsable filières chez Moulin Marion, ainsi que Jean-Marc Lévy, cofondateur de Carbone Farmers et animateur de la table ronde.

L’agriculture régénératrice est privilégiée par l’aval pour la décarbonation indirecte de leurs denrées alimentaires (Scope 3). Seulement, le flou autour de sa définition freine la mise en place de filières dédiées. À l’occasion du Salon de l’agriculture, quatre OS ont partagé leur vision, lors d’une table ronde organisée par Carbone Farmers, lundi 26 février, à Paris.

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Réduction du travail du sol, maximisation de la couverture végétale et diversité des espèces cultivées, tels sont les trois principaux leviers mobilisés par l’agriculture régénératrice. Bien qu’aucun consensus n’existe sur sa définition, cette dernière gagne du terrain avec une demande tirée par les industriels.

Pourquoi ? « Parce que le carbone est devenu un enjeu de transition », répond Guillaume Gasc, responsable innovation chez Eureden, à l’occasion d’une table ronde organisée par Carbone Farmers, « créateur de filières alimentaires bas carbone », au Salon de l’agriculture, lundi 26 février, à Paris.

Quel cahier des charges construire ?

« Le recours à l’agriculture régénératrice par les industriels s’explique par la mise en place de la démarche SBTI (Science Based Targets Initiative) dans le cadre de la réduction des émissions indirectes de GES (Scope 3) », ajoute Alexandre Juan, carbone manager chez Axéréal. « L’agriculture régénératrice propose d’aller un cran plus loin que le label bas carbone en intégrant les cobénéfices liés aux pratiques : préservation de la biodiversité, régénération des sols, etc. », complète Vincent Grégoire, responsable durabilité chez Tereos.

Pour répondre à la demande des industriels, certains, comme Axéréal, font le pari de créer leur propre cahier des charges. « Nous avons défini un certain nombre d’indicateurs et de critères sur lesquels nous nous basons pour rémunérer nos agriculteurs », explique Alexandre Juan. D’autres, comme Tereos ou Moulin Marion, plaident plutôt pour une approche globale afin d’éviter la multiplication des façons de mesurer. « L’agriculteur ne devrait avoir qu’un seul référentiel », milite Vincent Grégoire, pour éviter que la démarche ne soit qualifiée de « greenwashing ».

Rémunérer la performance ou la transition ?

Autre difficulté : la rémunération des agriculteurs, étant donné l’hétérogénéité des implications de chacun au sein d’une même coopérative. « Une chose est sûre : il faudra du temps pour la transition », avertit Guillaume Gasc. Trois leviers sont utilisés pour rémunérer la démarche : les primes filière, les crédits carbone (inclus ou non dans la prime filière) et la contractualisation, que ce soit par la mise en place de prix plancher ou de fourchette de prix.

Le choix des critères d’évaluation pour la rémunération des agriculteurs est délicat. Chez Tereos, « la volonté est de rémunérer chaque agriculteur en fonction de sa performance », indique Vincent Grégoire. Tandis que chez Axéréal, la démarche est plutôt de « rémunérer l’agriculteur dès son entrée dans le programme avec un prix socle et d’y intégrer à l’avenir des critères de performance », précise Alexandre Juan.

Responsabiliser l’amont ou l’aval ?

« Pour réussir la démarche, il faut que les clients soient prêts à payer, c’est d’ailleurs ce qui a posé problème pour la démarche HVE », met en garde Vincent Grégoire. « Il est nécessaire que l’aval reste engagé même lorsque la filière est chahutée, comme en bio », complète Paul Getti, responsable filières chez Moulin Marion. D’après lui, une « taxe sur la valeur environnementale réelle d’un produit » serait aussi importante.

Guillaume Gasc est moins catégorique sur le rôle de l’aval et prend l’exemple de la démarche « Bien cultivés ». Dans celle-ci, c’est l’amont qui a amorcé la démarche en faisant facturer 5 centimes d’euros de plus le bocal de légumes Daucy. « À l’année, cela représente 270 000 € qui nous permettent d’engager de nouveaux agriculteurs dans la démarche », précise-t-il. Vincent Grégoire alerte tout de même sur « le risque d’avoir une offre supérieure à la demande ».

Malgré les difficultés, les OS ont conscience qu’ils doivent « s’engager sur du long terme » et faire de la « pédagogie » auprès des agriculteurs via leurs technico-commerciaux chargés de délivrer un message clair et fédérateur.

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